Réduction de la Contamination du Maïs par les Aflatoxines au Burkina Faso

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Date de début 
01/05/2019
Date de fin 
30/09/2022

Réduction de la Contamination du Maïs par les Aflatoxines au Burkina Faso

L'objectif de ce projet était de réduire le niveau de contamination du maïs et des sous-produits à base de maïs par les aflatoxines au Burkina Faso afin d'améliorer l'accès aux marchés. Il s'agissait de la prise en compte et de la vulgarisation d'une approche intégrée (combinaison de méthode de lutte biologique et de bonnes pratiques) afin d'améliorer la sécurité sanitaire et la valeur commerciale du produit. Le projet devait également mettre l'accent sur le renforcement des capacités nationales ainsi que la coordination entre les acteurs de la filière maïs. Tous ces efforts concourent à une amélioration des revenus des producteurs, de la sécurité alimentaire et de la santé des consommateurs. 

Contexte 

Le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole avec environ 86% de la population qui tire son revenu du secteur agricole. Parmi ses principales spéculations végétales, le maïs occupe une place de choix. Malheureusement, le maïs produit localement était très souvent contaminé par les aflatoxines (notamment l’aflatoxine B1). Ceci était lié à un manque de capacité en matière des bonnes pratiques liées à la production, récolte et post-récolte qui favorisaient la prolifération des moisissures responsables de la production des aflatoxines. Il était urgent de mener des actions pour contrôler et maîtriser ce problème de contamination par les aflatoxines car ceci pourrait aussi engendrer une exposition des populations aux dangers sanitaires ainsi qu'une baisse des revenus.

Le maïs fait de plus en plus l'objet de transactions commerciales pour les besoins de consommation locale, de transformation agroalimentaire et d'alimentation des animaux. Il est également exporté vers certains pays voisins du Burkina Faso par les exportateurs de céréales et d'autres acteurs de la filière. Les institutions agissant dans le domaine de la sécurité alimentaire, telles que le Programme Alimentaire Mondial (PAM), s'approvisionnent en maïs auprès des producteurs burkinabés. Il est arrivé que le PAM ait refusé des quantités importantes de maïs en provenance du Burkina Faso pour des raisons de forte contamination par les aflatoxines.

Le projet visait ainsi une démarche novatrice « approche holistique et intégrée » pour le contrôle et la réduction de la contamination par les aflatoxines indexant la capacité d'appropriation et de gestion des principaux acteurs de la chaîne de valeur y compris les producteurs agricoles, leur organisation faitière et les services d’encadrement de proximité tant publics que privés. Il présentait une opportunité pour que les services gouvernementaux, les organisations de producteurs agricoles, et les partenaires techniques et financiers coordonnent leurs actions dans une démarche consensuelle pour lutter contre ce danger qui prenait des proportions inquiétantes. 

L’idée de ce projet a été développée sur la base de recherches et consultations locales effectuées entre 2017 et 2018 et le document de projet élaboré grâce à un don octroyé par le STDF.  

Résultats 

Les bonnes pratiques « paquet technologique », normes et standards existants diffusés et les acteurs informés/sensibilisés

Le projet visait à sensibiliser les parties prenantes sur la problématique des aflatoxines ainsi que l'approche intégrée (combinaison de lutte biologique et de bonnes pratiques). Grâce aux actions d’informations et de sensibilisation, les normes et standards existants, ainsi que le déroulement des solutions envisagées pour lutter contre la contamination par les aflatoxines sont maintenant mieux connus des agents de vulgarisation, animateurs endogènes, inspecteurs, et techniciens de laboratoire. Ces derniers contribuent à divulguer ces informations et connaissances auprès des autres acteurs de la filière maïs (tant publics que privés) et participent à la vulgarisation de « Aflasafe BF01 », produit de contrôle biologique adapté pour le Burkina Faso et approuvé en 2017 par le Comité Sahélien de Pesticides. 

Ces initiatives auprès des acteurs qui se poursuivent et s’inscrivent dans une perspective durable, car bénéficiant de l’accompagnement des organisations faitières et de l’Etat, se traduisent une certaine prise de conscience collective et générale de plus en plus grande du danger que représente l’aflatoxine pour la santé et le commerce.

Les bonnes pratiques de production agricole, séchage, égrenage et de stockage évaluées et adaptées

Les activités du projet ont couvert les principales zones de production du maïs dans le pays. Des perceptions des acteurs sur les systèmes de production, séchage et stockage ont été évaluées par le biais des enquêtes et visites auprès des producteurs, collecteurs, grossistes, commerçants et autorités locales compétentes. 

Le projet a permis de faire des démonstrations depuis le champ jusqu'au niveau du stockage et au niveau de la commercialisation. Ces démonstrations ont consisté en la réalisation de tests de production de maïs dans les champs avec Aflasafe BF01. Aussi des démonstrations des mesures de séchage des grains et de stockage pour éviter ainsi la contamination à ces étapes critiques de la chaîne de valeur ont été faites.

Le recensement des plantes locales et l’isolement des microorganismes candidats pour les tests de décontamination des aliments ont été réalisés

Ces actions ont permis de montrer la possibilité d’une part de disponibiliser des quantités importantes de maïs de bonne qualité, répondant aux normes recommandées et d’autre part d’obtenir des huiles essentielles extraites des plantes locales sélectionnées à propriété antibiotiques et fongiques.

Les acteurs formés/sensibilisés sur une approche qualité et les bonnes pratiques de récolte (production), séchage, égrenage, stockage du maïs « paquet technologiques »

Des guides de bonnes pratiques de production, séchage, égrenage et stockage du maïs ont été élaborés. Munis de ces guides, les acteurs formés sur la méthode intégrée ou paquet technologique ont été mis à contribution pour l’organisation des séances villageoises, notamment des visites commentées pour sensibiliser les producteurs et d’autres acteurs (collecteurs, transformateurs).

La capacité du Burkina Faso pour répondre aux exigences des marchés locaux, régionaux et internationaux pour le maïs renforcée

Le renforcement des capacités des laboratoires d’analyse à travers l’acquisition d’équipements et l’élaboration des procédures d'échantillonnage harmonisées et d'analyse standardisée aflatoxines B1B2G1G2, ainsi que la formation pour un bon usage, facilitent la réalisation des analyses de la teneur en aflatoxines. 

Les tests et interprétations des résultats sur des échantillons prélevés lors des enquêtes réalisées pendant la mise en œuvre du projet ont confirmé la réduction de la teneur en aflatoxines entre champs traités avec Aflasafe BF01 et champs non traités. Une hausse des exportations du maïs a été enregistrée, passant d’une quantité de 4 238 tonnes en 2018 à 40 065 tonnes en 2021. 

Il est envisagé que les activités du projet vont contribuer à une réduction significative du taux d’aflatoxine en conformité avec les normes internationales, permettant ainsi aux producteurs de répondre aux demandes du marché en particulier des ONGs et d'autres acteurs intervenant dans l’humanitaire et dans la sécurité alimentaire. Ceci favorisera une augmentation des revenus des acteurs de la filière maïs, y compris les femmes qui sont impliquées dans la collecte, le stockage et la commercialisation du maïs et le commerce régional. Une amélioration des revenus des producteurs a aussi été enregistrée, le revenu moyen de ces derniers passant de 334 133 FCFA à 1 550 250 avec l’intervention du projet.

Recommandations 

Collaboration réussie entre les structures publiques et organisations professionnelles d’acteurs (secteur privé)

Le projet a été initié par le secteur privé, notamment la Confédération Paysanne du Faso (CPF) et est devenu par la suite un projet national du souhait de l’ensemble des parties prenantes au projet, ce qui dénote que le développement de partenariat privé-public peut concourir à mieux répondre à certaines préoccupations du secteur privé. 

La forte implication des instituts de recherche pour susciter la prospection dans le domaine d’intervention d’un projet peut engendrer des solutions adaptées et durables à même de répondre aux préoccupations du projet

Dans le cadre du projet, l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT) a été impliqué dans la mise en œuvre de certaines activités permettant d’obtenir environ 100 ml d’huiles essentielles extraites des plantes locales sélectionnées à propriété antibiotiques et fongiques.

La mise en place d’un dispositif adéquat de suivi de tous les producteurs bénéficiaires est nécessaire pour assurer une bonne traçabilité de la production et permettre ainsi de mesurer l’apport réel du projet en termes de quantité de maïs respectant les normes mise sur le marché

Dans le cadre de ce projet, une insuffisance a été soulignée. Il s’agit de la non mise en place d’un dispositif adéquat de suivi de tous les producteurs bénéficiaires, ce qui n’a pas favorisé la traçabilité de toute la production pour pouvoir mesurer l’apport réel du projet en termes de quantité de maïs respectant les normes mise sur le marché.

La mutualisation des efforts des acteurs des différents maillons dans un cadre harmonisé permet d’avoir des résultats substantiels de la réduction de la teneur en aflatoxines du maïs et d’accéder au marché international

La mise en œuvre du projet a montré que la problématique de la lutte et de la prévention de la contamination du maïs et des sous-produits à base de maïs par les aflatoxines est par essence multisectorielle en ce sens qu’elle concerne les différents maillons de la chaîne de valeur (production, stockage, commercialisation, transformation, recherche, promotion).

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Reference Number 
STDF/PG/566
Statut 
Terminé
Valeur du projet (US$) 
845,862
Contribution STDF (US $)  
544,402
Bénéficiaires 
Burkina Faso
Entités de mise en œuvre 
Unité nationale de mise en œuvre du Cadre intégré renforcé, Burkina Faso
Organismes associés 
Le Ministère en charge de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques
Le Ministère en charge du Commerce
La Confédération Paysanne du Faso (CPF)
Le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP)
L'Agence Burkinabè de Normalisation, de la Métrologie et de la Qualité (ABNORM)
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM)